Seconde Fondation – Le 3e tome d’Asimov

La série Fondation, œuvre culte de la science-fiction du 20e siècle, achève sa trilogie avec Seconde Fondation. Bien sûr, Fondation sera par la suite prolongée par deux autres suites et de nombreux préquels qui enrichissent davantage l’intrigue, donnant plus de densité aux personnages et aux évènements. Il faut toutefois rappeler le contexte des sorties ultérieures au troisième volet : Asimov ne les créera que 30 ans après la trilogie, moyennant une forte avance de son éditeur. Pour la communauté des fans, Fondation prend fin avec cet épisode. C’est donc avec beaucoup d’intérêt que nous l’avons lu pour vous en proposer un compte-rendu. Il faut dire qu’à la fin de cette lecture, on a cette sensation d’achèvement, on sent que la boucle est bouclée, et qu’Asimov a dit ce qu’il avait à dire, même si certains pans restent un mystère, comme toutes les œuvres majeures.

Synopsis du livre Seconde Fondation

A l’image du 2e volet qui le précède, Seconde Fondation n’est pas articulé autour de plusieurs parties. On peut tout de même identifier deux grands volets qui se complètent, sans discontinuer. Le premier relate la quête sans relâche de la fameuse Seconde Fondation par la Mule, cette intelligence génétiquement modifiée que Seldon n’avait pas prévue et qui déstabilise les penseurs de la Fondation. Le point de départ de l’intrigue se situe à quelques années après le périple de la Mule à Trantor, où elle a échoué à percer le secret de la Seconde Fondation.

Ce cerveau mystérieux, qui commande désormais un grand Empire avec à son cœur, le monde de Kalgan, entend pulvériser tout ce qui entrave sa suprématie, avec bien sûr la Fondation en ligne de mire. De son côté, l’organe de décision de la Seconde Fondation sort de son attentisme et, voyant que le combat frontal devient inévitable, décide de laisser la Mule trouver la Fondation.

Et c’est Bail Channis qui va s’y coller. Cet agent enrôlé par la Mule pour son courage et son côté atypique est dépêché avec Han Pritcher dans le monde de Rossem. Ce duo y trouvera des indices disséminés par Seldon. A leur arrivée, les émissaires de la Mule ne rencontrent aucune résistance, mais plutôt des locaux attachants et accueillants. La Mule va alors suspecter Bail Channis de jouer double-jeu et d’être à la solde de la Seconde Fondation. Le cerveau génétiquement modifié se rend alors sur place, en secret, et se révèle aux yeux de tous. C’est donc la Mule qui tombe dans le piège de la Seconde Fondation. Le premier orateur apparaît puis affronte la Mule. Il réussira par la suite à agir sur son mode opératoire psychique pour lui faire croire qu’une attaque imminente menaçait sa suprématie sur Kalgan. La Mule, persuadée que la Seconde Fondation n’existait pas, fit alors le choix de régner sans partage, mais dans la paix.

L’histoire se poursuit avec les célébrations des membres de la fondation qui se réjouissent de la défaite de la Mule. Il s’agit désormais de remettre la Fondation sur le bon chemin pour parachever le plan.

La seconde partie de cet opus se déroule 60 années plus tard. Entre temps, la Mule a péri, par vieillesse, et les membres de la Fondation savent tous à présent que la Seconde Fondation est bien réelle. Le docteur Darrel, qui dirige la Fondation, organise des débats internes pour discuter de la manière dont la Seconde Fondation doit influencer le monde. Des analyses d’électro-neurologie sont réalisées pour influencer les membres notables du gouvernement.

Le monde Kalgan est toujours hostile à la Fondation. La tension est permanente entre les eux entités. La défaite de la Mule n’est toujours pas digérée du côté de Kalgan, dont le chef espère reconquérir la Fondation. L’intrigue se poursuit avec une bataille féroce qui voit les rapports de force basculer du côté de Kalgan et de sa grande flotte. La Fondation dépêche un émissaire, Munn, à Kalgan pour essayer de découvrir ce que la Mule avait découvert sur la Seconde Fondation. L’agent est accompagné d’Arkady, fille du docteur Darrel. Passionnée par la Seconde Fondation, elle espère ainsi se rendre utile et échapper à son père qui refuse de l’impliquer dans les affaires de la Fondation.

L’émissaire de Darrel est incarcéré et interrogé par les dignitaires de Kalgan. La fille de Darrel parvient à s’enfuir. Elle découvre que la maîtresse du commandant est membre de la Seconde Fondation. Cette dernière manipulerait le gouvernement de Kalgan. Une fois sur Trantor, Arkady fait parvenir un message à son père pour l’informer de la localisation de la Seconde Fondation : Terminus. Elle comprend que la Seconde Fondation surveille de près la Fondation et le plan de Seldon. Entre temps, la Fondation remporte la guerre sur Kalgan.

Ce nouveau succès de la Fondation permet à Munn de retourner sur Terminus. Il nie l’existence de la Seconde Fondation. Le docteur Darrel dévide alors de le soumettre à un scanner du cerveau pour révéler que son émissaire est manipulé. Il enclenche un dispositif de brouillage télépathique qui identifie les agents de la Seconde Fondation sur Terminus. Ces derniers sont alors arrêtés, laissant à la Fondation quartier libre pour étendre sa suprématie et bâtir le Second Empire. Un nouveau plot-twist vient déjouer cette destinée : un orateur, dans un dialogue avec son élève, confie que tout se déroulait comme prévu.

En effet, après la défaite de la Mule, la Seconde Fondation savait déjà que le plan de Seldon était compromis. Ses agents ont donc donné un coup de pouce au destin pour remettre le plan sur les bons rails. Ils ont donc manipulé le gouvernement et l’armée de Kalgan pour attaquer la Fondation, tout en veillant à la victoire de la cette dernière. Ils ont enfin révélé volontairement certains de leurs agents pour faire baisser la garde de la Fondation, tout en guidant Arkady. La Seconde Fondation était donc bel et bien sur Trantor.

Ce qu’il faut retenir sur cette trilogie

Ce 3e opus ne révolutionne pas le genre mais vient clore un scénario plutôt ingénieux, même s’il est prévisible. On peut déplorer l’hégémonie de ce que les fans appellent « les jeux d’esprit », avec des retournements de situation si fréquents qu’ils en deviennent prévisibles et peu convaincants. C’est d’ailleurs le cas dans l’affrontement final entre la Mule et le premier orateur. Cette tendance avait déjà été amorcée par Asimov dans le second opus de sa trilogie.

On peut également déplorer la légèreté avec laquelle la mule a été vaincue et définitivement écartée de l’histoire. N’oublions pas qu’Asimov avait quasiment construit un mythe autour de ce cerveau génétiquement modifié, qui était la seule chose que le fameux plan de Seldon n’avait pas anticipé. Là encore, la Mule a été écartée avec un simple jeu d’esprit, avant de succomber à une mort naturelle, dans un élan peu dramatique, voire quasiment indifférent. Sa disparition précipitée semble d’ailleurs un peu forcée et précipitée.

La 2e partie du livre est mieux construite, avec une succession de plot-twists, de conflits et de cirses. La grande révélation finale et les rebondissements sont déjà plus crédibles, même si on sent parfois une certaine précipitation dans l’écriture et dans la narration d’évènements pourtant importants pour la suite et le dénouement de l’intrigue.

Ces quelques contretemps n’entament en rien la fin de l’histoire et le scénario global de la trilogie. Ces trois livres, rondement menés par un Asimov au summum de son inspiration, passionneront les aficionados du genre qui vivront une belle expérience littéraire avec un ascenseur émotionnel, passant de la construction de la Fondation à l’acte final en passant par le désarroi du 2e livre, inhérent à la « sortie » du plan de Seldon.

Tous les opus qui sont sortis par la suite l’ont été, de l’aveu d’Asimov lui-même, sous la pression des fans et de l’éditeur. La suite de la trilogie laisse place au Second Empire, après le conflit final entre Kalgan et la Fondation dans le dernier livre de la trilogie. Pour beaucoup, c’est bien la trilogie qui traduit la vision initiale d’Asimov, le reste étant considéré comme un bonus.