Fondation d’Isaac Asimov

Dans le monde si particulier de la science-fiction et du fantastique, les écrivains qui ont atteint une renommée internationale ne sont pas légion. Isaac Asimov, référence en la matière, a marqué les passionnés de la science-fiction avec les 5 nouvelles de « Fondation ». Voici notre critique !

Synopsis du livre Fondation

L’intrigue se déroule dans un futur loin de quelque milliers d’années. L’explosion démographique, sujet récurrent chez Asimov, a contraint l’Humanité à coloniser toutes les planètes vivables de la Galaxie avec un gouvernement uni pour gérer les affaires courantes : l’Empire Galactique, qui même après une dizaine de milliers d’années, reste fort et uni, même si certains craignent une stabilité de façade face à quelques signes laissant penser à une chute imminente du régime. C’est ce que pense Hari Seldon, un savant pionnier qui a inventé la psychohistoire, un genre de mélange de mathématiques et de psychologie qui lui permettra d’estimer la date à laquelle l’Empire Galactique allait se désintégrer. Pour prévenir le chaos qui pourrait s’en suivre, Seldon a mis sur pieds une organisation qui ouvrera pour réduire la durée de ce qu’Asimov appelle « l’âge des ténèbres » de 30 000 à 1 000 ans, environ.

Cette œuvre majeure du XXe compte 5 volets, tous publiés pendant la décennie 1940 puis compilées en un seul livre en 1951. L’intrigue évolue dans un segment temporel fictif, depuis l’an 0 de la l’Ere de la Fondation jusqu’à des centaines d’années plus tard. Chaque époque est portée par des hommes et des femmes déterminés et est marquée par un élément perturbateur, les fameuses « Crises de Seldon », du nom du scientifique qui les a prédites plusieurs années à l’avance. Chaque crise implique donc une réponse du gouvernement de la Fondation.

Le premier épisode plante d’ailleurs le décor dès son intitulé : Les Psychohistoriens. Le récit est assuré par le scientifique Gaal Dornick, en périple vers la capitale Trantor pour enfin voir Seldon. Les évènements s’emballent à partir de ce moment : les deux compères échangent des idées, sympathisent, puis Seldon se voit incarcéré par le Comité de la sécurité publique (clin d’œil à l’organisation révolutionnaire française qui a condamné à mort de nombreux citoyens pendant la Révolution). Dans le livre, ce comité est composé de nobles et d’aristocrates vigoureusement hostiles aux idées de Seldon et qui entendent bien le faire taire sans pour autant en faire un martyr. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’ils le poussent à l’exil, à l’autre bout de l’Empire, à Terminus.

Seldon confie à Dornick que l’histoire se déroulait exactement comme il l’avait prévu. La Fondation, qui allait désormais opérer depuis la périphérie, pourrait enfin déployer ses idées et se mettre à l’œuvre pour accélérer la chute inévitable de l’Empire. La psychohistoire est ici présentée comme une science factuelle et infaillible.

Le second volet s’intitule « Les Encyclopéristes » et se déroule un demi-siècle plus tard, toujours à la périphérie de l’Empire, à Terminus. L’intrigue commence avec la communauté scientifique de la Fondation qui s’attèle à la création Galactica, un énorme projet encyclopédique qui compile les savoirs que l’humanité pourra mobiliser pour l’après-Empire. Ce volet est porté par des considérations géopolitiques : Terminus est encerclé par 4 dynasties indépendantes qui ont des velléités impériales. Adepte de la devise « Diviser pour mieux régner ». Salvor Hardin, maire de Terminus, estime que le meilleur moyen de protéger sa planète est de monter ses voisins les uns contre les autres. Le Royaume d’Anacreon, qui souhaite disposer de bases militaires sur Terminus, informe son maire que les 4 dynasties indépendantes qui encerclent cette planète ne disposent pas d la technologie nucléaire.

Ce second opus est véritablement lancé lorsque la chambre forte de Seldon s’ouvre pour déliver un message important sur la prochaine « Crise ». On apprend que l’Encyclopédie des savants n’est peut-être qu’un subterfuge pour cacher la place centrale de Terminus dans l’histoire. La Fondation, dont le principal dessein est d’apporter à la Galaxie la science dont elle a besoin pour avancer et gérer les conflits interplanétaires.

Le troisième chapitre se déroule trois décennies après le second, soit en l’an 80 à l’ère de la fondation. Intitulé « Les maires », cet opus met en scène le renversement du conseil de l’Encyclopédie par Salvor Hardin, qui prendra donc le pouvoir pour de bon. Pour s’assurer de la non-ingérence des Quatre Royaumes voisins, il leur fournit la technologie nucléaire développée par la Fondation. Il sera d’ailleurs plusieurs fois réélus au cours des années suivantes, avant que le « Parti d’action » ne menace de le renverser. Hardin contrôle l’énergie nucléaire par la religion avec l’appui des prêtres, notamment pour tenir à distance ses voisins encombrants, y compris le royaume d’Anacréon. Lépold 1er, jeune roi d’Anacréon, est sous la menace du prince régent Wienis, son oncle. Cette tentative de putsch vient sur fond de guerre indirecte entre Wienis et Hardin. Le premier y laissera d’ailleurs la vie.

Hardin, fort de ce triomphe, devient alors plus légitime. Le coffre-fort de Seldon va même s’ouvrir pour lui donner raison. L’autorité des maires est restaurée, et le parti d’opposition (le Parti de l’Action) rentre dans les rangs. L’influence de la Fondation devient plus grande et le plan de Seldon repart de plus belle.

Quatrième partie, « Les Marchands ». L’avant dernier volet du premier livre a lieu en l’an 135 de l’ère de la fondation. On est ici en pleine conquête, puisque l’organisation envoie des émissaires un peu partout pour partager ses avancées scientifiques. Eskel Gorov, négociateur et agent du gouvernement, se rend à Askone, mais se voit contesté par le gouvernement de cette planète qui estime que certaines sciences doivent être interdites au nom de la morale. Gorov est arrêté. Linmar Ponyets est dépêché par la Fondation pour le libérer, avec un cadeau pour le gouvernement d’Askone : un appareil qui transforme le plomb en or. Le jeune conseiller Pherl d’Askone, qui veut gagner le pouvoir, devient l’interlocuteur privilégié de Ponyets. Gorov est libéré et retourne à la Fondation en compagnie de Ponyets.

Le 5e et dernier volet du premier livre, intitulé « Les Princes Marchands », ce déroule à l’an 155. A ce stade, la Fondation a étendu son influence, accaparant même les quatre royaumes voisins. L’intrigue commence avec un évènement majeur : la disparition de trois vaisseaux de la Fondation, perçue par certains comme le signe d’une imminente « Crise de Seldon ». Hober Mallow est envoyé pour enquêter sur la planète Korell. Mallow découvre que les astronefs ont été victimes d’une attaque d’armes atomiques. Il tente alors de trouver l’origine de ces armements. Après avoir déjoué un piège en découvrant un espion sur son vaisseau, Mallow décroche un entretien avec Asper Argo, l’homme fort de Korell. Ce dernier se montre réceptif aux cadeaux technologiques offerts par la Fondation, même s’il ne veut pas du scientisme dans sa planète. Mallow scelle des contrats avec cette République.

En faisant le tour de Mallow, il ne peut s’empêcher de remarquer l’omniprésence d’une technologique avancée portant le logo de l’Empire qui s’étendait, manifestement, dans la périphérie. Son enquête le mène à Siwenna, une planète mineure, qu’il suspecte d’être une nouvelle ville impériale de l’Empire. Contre ses attentes, il n’y découvre qu’un énorme champ de ruines. Il fait la rencontre d’un pauvre patricien, Onum Barr, qui lui narre la terrible histoire de la répression sanglante de l’Empire sur une rébellion locale. Tous les fils de ce pauvre homme seront tués, à l’exception d’un seul. Ne voyant aucune menace sérieuse en cette planète, Mallow retourne à Terminus. Il y sera jugé pour meurtre car en contrecarrant la conspiration sur Korell, il aurait livré un missionnaire au chef tyrannique de cette planète. Il échappera à la condamnation en convaincant les juges du double-jeu du missionnaire, qui était également un agent secret. Mallow est même pressenti pour devenir le prochain maire de Terminus. C’est d’ailleurs ce qui se produira. Son mandat est d’abord marqué par des tensions aiguës avec Korell, qui finira par déclarer la guerre à Terminus. Cette république use alors d’une flotte impériale conséquente. Mallow joue sur la dépendance commerciale de Korell envers la Fondation, estimant que les belligérants ne pourront pas attaquer indéfiniment faute de matériel.